La Macrobiotique selon Paul Dietrich

La Macrobiotique, c’est quoi?

Pour la compréhension du mot, je propose de partir d’un terme que tout le monde connaît : antibiotique. On se trouve en face d’une forme de vie qui ne nous plaît pas, un microbe, agent infectieux par exemple, ou une tumeur, prolifération jugée anormale de certaines cellules. On va alors inventer une substance opposée à la vie, « antibiotique », et essayer de détruire par son intermédiaire la forme de vie que ne nous plaît pas, en essayant d’éviter cependant de détruire la vie tout court !

La démarche macrobiotique est inverse : elle n’est pas « anti ». Elle ne cherche pas la destruction de quelque forme de vie. Elle cherche à ne pas agresser la vie de l’organisme lui-même qui prendra alors le dessus sur tout ce qui pourrait compromettre son intégrité.

Cette méthode est donc naturelle. Elle est simple, accessible à tout le monde, économique. Elle est applicable rapidement et vérifiable. Elle est universelle. Son but est d’assurer l’immunité et l’adaptabilité de l’organisme. Son objectif est de réaliser la santé du corps et de l’esprit par une alimentation juste, accessible de façon intuitive.

Méthode naturelle

Nous employons des aliments les plus proches de la nature, les moins falsifiés possibles. Nous les choisissons dans notre environnement, dans le milieu qui est le nôtre, sans ostracisme cependant, puisque toute règle connaît des exceptions. Nous avons une préférence pour l’aliment végétal, plus pur, plus malléable, qui laisse à notre organisme le maximum de créativité. Là encore, notre liberté reste entière.

Méthode simple, accessible à tout le monde

Sans mépriser les études analytiques, nous choisissons de façon globale, intuitive, avec le « compas » Yin et Yang : ce qui rafraîchit et ce qui réchauffe, ce qui dilate et ce qui contracte, ce qui relâche et ce qui tonifie, en utilisant les critères indiqués dans la première suite de cette série d’articles, intitulée Yin et Yang. Un enfant comprend ce principe de classification très rapidement. C’est même un jeu amusant pour lui et instructif pour les adultes qui y participent.

Méthode économique

Les aliments que nous choisissons, céréales, racines, légumes, légumineuses, sont relativement bon marché. Ils ne supportent pas encore trop de « valeurs ajoutées » par des transformations souvent problématiques et des préparations sophistiquées, dans lesquelles les préoccupations économiques l’emportent sur le souci de la santé des consommateurs. Il existe même des légumes sauvages, gorgés d’énergie, qui sont gratuits. Il suffit de les cueillir dans la nature généreuse.

Méthode applicable rapidement, vérifiable

Après un seul cours de cuisine, une seule causerie sur Yin et Yang, vous pouvez déjà commencer et expérimenter. Les premiers résultats sont rapides. Vous commencez par le centre, l’équilibre optimal de la vie, la céréale. Vous la préparez, vous la mastiquez, vous vous l’incorporez. Votre corps reconnaîtra que c’est juste. On parle bien de la « reconnaissance du ventre ». Vous n’oublierez plus cette expérience et vous y reviendrez tôt ou tard, même après bien des détours et des écarts, qui correspondent à ce que vous êtes en ce moment.

Méthode universelle

La macrobiotique n’est pas plus orientale qu’occidentale. Il y a partout le haut et le bas, la droite et la gauche, la face et le dos, l’intérieur et l’extérieur, le centre et la périphérie, bref, la polarité de toute chose. Où que vous soyez, qui que vous soyez, vous jugez avec cela. Vous aurez une autre nourriture dans le froid des régions polaires ou sous la chaleur des tropiques, une autre dans les régions tempérées.
D’ailleurs, chaque climat, chaque sol produit la nourriture adaptée à ce milieu. Yin et Yang vous permettront également d’adapter votre alimentation aux différentes saisons, de l’adapter selon les besoins spécifiques des personnes. Autre est l’alimentation de l’enfant, autre celle de la personne adulte, autre celle des personnes âgées. Autre est la nourriture de l’homme, autre celle de la femme : c’est la même nourriture, mais avec des nuances. Autre la nourriture des malades, autre celle des personnes en bonne santé. Vous pouvez étendre ces nuances à l’infini : personnes sédentaires ou actives et physiquement, travailleurs intellectuels ou manuels, et adapter votre alimentation aux buts que vous poursuivez dans votre vie.

Assurer l’immunité et l’adaptabilité

Immunité, adaptabilité, c’est la même chose. L’immunité, c’est l’adaptabilité de l’organisme aux difficultés, aux agressions venant de l’extérieur. Loin de nous protéger de façon excessive, nous renforçons nos défenses. Dissuader les microbes de proliférer en nous, les inviter à choisir un autre endroit pour leur bonheur, c’est la méthode macrobiotique de la santé. Produire chaque jour un sang de qualité, c’est possible grâce à une nourriture juste.

Santé du corps et de l’esprit

Notre objectif est grand. C’est la santé intégrale, celle de la personne humaine dans sa totalité individuelle et dans son intégration à une collectivité. « Nous sommes d’abord biologiques ».
Le corps est la base et l’instrument de l’esprit. Un sang en bon équilibre, des cellules « heureuses », des organes qui fonctionnent sans problèmes, tout cela ne saurait être indifférent au bon fonctionnement des facultés supérieures. Un récepteur en parfait état, sans parasites, captera les ondes émises d’une autre façon qu’un appareil défectueux.
Déjà les anciens qui prenaient comme devise « mens sana in corpore sano » : un esprit sain dans un corps sain, avaient la perception de la totalité, la mentalité « macrobiotique ».

L’alimentation juste

Avant même de rechercher la nourriture « saine », de qualité biologique, équilibrée en nutriments, « riche » en ceci ou en cela, nous recherchons l’alimentation « juste ». Individuellement et socialement, cela correspondra à une certaine quantité, au-delà (ou en deçà) de laquelle elle ne sera plus tout à fait juste et nous fera du tort : « La quantité tue la qualité », prévient Georges Ohsawa. Cela correspondra surtout à une certaine qualité, c’est-à-dire à un rapport Yin à Yang adapté à notre nature humaine, tenant compte de sa place spécifique dans l’ensemble de la création.

L’intuition

L’homme se laisse conduire par ses habitudes, ses automatismes, son jugement mécanique, plus ou moins aveugle. Ou encore par ses préférences sensorielles, sources de beaucoup d’illusions et de déboires. Ses attachements sentimentaux, ses concepts intellectuels sont également sources d’erreurs, car ils restent partiels ou partiaux. Même ses élans sociaux, ses convictions philosophiques, ses idéaux, les plus chers peuvent l’induire en erreur. L’objectif de la macrobiotique est d’éveiller le jugement le plus global, le plus élevé, qui est de l’ordre de l’intuition. Ohsawa l’appelle l’instinct-intuition, ou quelquefois la mentalité primitive, c’est-à-dire première. C’est un objectif toujours poursuivi, rarement atteint, pleinement humain. Pour l’approcher, et si possible le réaliser, nous ne méprisons pas la base, notre origine biologique, la nourriture « juste ».

Auteur : Paul Dietrich
Président de « Terre et Partage », l’Association Macrobiotique d’Alsace